Doriane Pin, la passion du pilotage (France Auto #130 , rétrospective 2019)
Doriane Pin a confirmé en 2019 avec son titre de championne de France Féminine. Une course, un objectif atteint et en point de mire la monoplace.
1) Fabrice Connen : Doriane, vous avez été cette année la meilleure des Féminines en France. Quel fut votre parcours pour atteindre ce niveau?
« Mon père a toujours aimé le kart et organisait des courses de loisir. J’avais à l’époque 4 ou 5 ans et moi aussi j’avais très envie de faire du kart. Mais comme j’étais petite en taille, il a fallu que j’attende mes 9 ans et demi pour débuter.
J’ai fait du Subaru en UFOLEP (catégorie monotype) avant de passer en Minime en 2016. La course qui m’a marquée fut ma première Coupe de France, c’était à Laval. Je n’avais jamais fait de compétitions avec autant de pilotes ! C’était super, j’ai roulé face à des « champions » comme Marcus Amand et j’ai fini 14ème en Finale ».
2) En 2017, vous passez directement en championnat de France Junior. Un sacré saut non ?
« C’est sûr… mais j’ai tellement adoré ces karts la première fois que je les ai essayés que c’était impossible de faire autre chose !! En sortant d’un Minime, la puissance, la tenue de route, les freinages d’un OKJ …. Inoubliable !
Nous avons donc décidé de nous engager dans ce championnat avec la FFSA Academy. Un autre univers, car chacun a le même matériel, il y a un encadrement, on fait du réveil musculaire le matin, on analyse les données relevées sur notre kart après chaque roulage, la vie en groupe… J’ai beaucoup aimé et ça a tout de suite bien marché, au point que lorsque nous avons fait les premiers essais d’avant-saison, certains venaient voir si j’avais bien le lest sur mon kart. »
3) « A la première course je vais faire le 2è temps des essais. Ma toute première 1ère ligne ! J’ai pas mal cogité le départ, j’opte pour rester à l’extérieur, ça se tasse à l’intérieur et je ressors en tête, là aussi une première, même si ensuite ça s’est moins bien passé. »
4) « De toute façon, il était clair pour nous que cette saison 2017 était celle de l’apprentissage en vue de 2018. »
5) 2018, ce fut l’apprentissage des podiums !
« C’était au minimum l’objectif de la saison ! Je fais la pole à la 1ère course du championnat de France Junior au Mans… »
6) « … mais la suite a été perturbée par des accrochages. J’ai fait des podiums lors des épreuves suivantes, mais c’est à Salbris que j’ai perdu mes chances pour le titre. Je gagne la préfinale, je suis en tête en finale mais je me fais sortir. J’y ai perdu de gros points, et au final je suis 5è au championnat de France, ce qui est décevant car à chaque course j’étais dans le top 3. »
7) « Par contre j’ai eu la satisfaction de faire un podium pour mon premier championnat de France Féminin en 2018. Nous avions juste loué un moteur pour l’occasion. Le vendredi ça n’allait pas du tout. C’était en fait un problème de pneus et dès que nous avons mis des pneus neufs le samedi matin, tout est rentré dans l’ordre, avec un second temps aux chronos. »
9) 2019, on va très peu vous voir sur les grilles de départ, pour quelle raison ?
« Essentiellement pour des raisons de budget. Il fallait donc se fixer des objectifs sur le peu que je pouvais faire. D’abord le championnat de France Féminin couru à Angerville, un circuit que j’aime beaucoup.
On avait reformé notre petite équipe familiale et nous avons loué un moteur chez PB Kart. Comme je n’avais plus roulé depuis quatre mois, nous sommes allés faire une séance d’essais à Lavelanet.
Heureusement, car là on a vu que mon baquet était trop petit. J’avais grossi et grandi de huit centimètres ! On a changé le baquet et retiré un peu de plomb. Mais il m’en reste quand même 22 sur le kart. C’est dur pour le dos de mes mécaniciens et pour les pattes de siège sur le châssis que je casse régulièrement ! »
« Oui c’est vrai que ça marchait vraiment bien. Je fais la pole, je suis en tête après les manches. Au départ de la 1ère finale, un peu d’inquiétude quand même, car il vient juste de pleuvoir et on part en slicks. Donc je vais profiter des deux tours de chauffe que nous avions pour essayer différentes trajectoires. Et là j’ai vu que déjà derrière ça avait du mal à suivre. Ça m’a mis en confiance.
Le reste a été assez limpide, avec la victoire dans chaque finale, sur le sec et le mouillé. Remporter cette course, cela représente beaucoup pour moi. C’est mon 1er titre national , la seule course que j’ai faite cette saison, c’était donc vraiment l’objectif à atteindre. Une très belle satisfaction ».
11) On vous a vu aussi en monoplace.
« Oui, j’ai pu bénéficier de séances de roulage en F4 avec la FFSA Academy grâce à ma 5è place au championnat de France Junior. J’ai également suivi les cours de l’école Winfield sur le circuit Paul Ricard, où j’ai été récompensé par la commission « Women in Motorsport » de la FIA en présence de l’ex-pilote de F1 Jarno Trulli . Il m’a ainsi été offert deux journées d’essais aux côtés de Jules Mettetal. J’ai énormément appris et progressé au cours de ces deux essais. J’ai également suivi les cours de l’école de pilotage Feed Racing à Magny-Cours. Je progressais à chaque tour de piste, mais je devais compenser un gros manque de roulage. »
12) « Pourtant, la F4, c’est vraiment ça que je veux faire. Le pilotage d’une F4 est vraiment quelque chose de génial, et nous essayons de tout faire pour que je puisse participer à un championnat F4 en 2020.
Nous recherchons des sponsors, et pour soigner ma condition physique, je profite du fait que j’habite à Font-Romeu pour faire beaucoup de sport. Je suis dans un lycée avec beaucoup d’élèves en sport-étude. C’est une région parfaite pour s’entrainer physiquement. Et pour travailler également le pilotage, je vais m’entrainer en Espagne au volant d’un OK. Ah le OK, c’est le meilleur kart que j’ai jamais conduit ! ».
par Fabrice Connen in France Auto # 130 rétrospective 2019
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